Les dizainiers sont des objets chrétiens, une version réduite du chapelet avec lequel on prie, en égrainant les perles unes à unes. Les neufs dizainiers que j’ai fabriqués sont des objets à caresser, de petites pierres à tourner dans ses mains et qui servent de guide autant que de points d’ancrage à la prière. Chacun d’eux est porteur de sens et de symboles, évocateur des textes religieux ou de l’imagerie chrétienne. Dans les profondeurs du laque. L’objet rituel, quand le geste déploie l’espace du recueillement. Le temps pour rendre grâce.







Contemplant un laque, qu’il s’agisse d’un bol, d’un peigne ou d’une sculpture bouddhique, on ne peut qu’être frappé par l’impression de profondeur qu’il recèle. Couches après couches, le laque s’obscurcit tantôt en un épais brouillard rougeâtre, tantôt en un noir dense, absorbant toute lumière, ou encore se recouvre d’or à l’éclat mystérieusement sombre et lumineux à la fois. Et pourtant l’épaisseur de la laque ne tient à rien. Un demi millimètre tout au plus. Toute cette profondeur apparente condensée dans presque rien. Si la structure et les enduits sont le corps d’un objet, la laque en est l’âme. C’est peut-être aussi pourquoi, en Asie pendant des millénaires la laque végétale a été associée – entre autres – à l’art religieux.
`Adayah Objets sacrés